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[International] Faïssal FDIL, Strategy Engineer chez HAAS F1 Team

15 septembre 2020 Réseau
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  • Vous êtes diplômé de la filière Auto en 2013, quel a été votre parcours à l’Ecole ?

J’ai passé ma scolarité sur le campus de Laval. Pour ma 5e année, j’ai intégré l’Université de Chalmers en Suède. J’aspirais déjà à faire du sport automobile et, à cette époque, cette Université venait de remporter la Formula Student à Silverstone. C’est ce qui m’a d’abord attiré. J’ai pu également découvrir des domaines que l’on n’avait pas eu l’occasion d’étudier dans le cursus Automobile, notamment l’aérodynamique.

Par ailleurs, durant mon cursus à l’ESTACA, j’ai toujours accordé beaucoup d’importance aux stages. C’était pour moi l’opportunité d’améliorer mon CV de manière à avoir le meilleur profil possible en sortie d’école.

En 1e année, j’ai ainsi intégré le groupe PSA en tant que stagiaire au sein du département pièces de rechange. En tant qu’analyste retours garantie, j’ai pu accéder à tout ce qui constitue une automobile. Chaque jour, nous recevions des pièces différentes : des pare-chocs, un moteur à, un compteur à analyser… Le job était très varié et très enrichissant.

L’année suivante, j’ai décroché un stage à l’international, et ceci grâce à ma précédente expérience chez PSA. Mon ancien responsable travaillait sur un projet concernant la Peugeot RCZ qui allait être produite chez Magna Steyr, en Autriche. En l’aidant ponctuellement sur ce projet, j’ai su paraître crédible aux yeux de mes futurs collègues Autrichiens, qui m’ont ensuite proposé un stage en bureau d’études l’année suivante. Stage qui n’était pas de tout repos : on attendait de moi que je maîtrise CATIA, un logiciel que l’on apprenait en 3e année – j‘ai dû demander les cours en question à des 3A pour pouvoir être prêt ! Mais cela a payé, et les choses se sont si bien passées que j’ai été de nouveau recruté par Magna Steyr l’été suivant, en gestion de projet.

A la fin de ma 3e année, j’ai donc totalisé 24 semaines de stage dont 16 passées en bureau d’études. Il m’a donc été plus facile de trouver un stage en sport automobile chez Toyota Motorsport par la suite.

Je dois avouer que faire du networking de cette manière a été une leçon très utile, surtout quand je considère que je n’avais que 19-20 ans à l’époque. Cela a définitivement contribué à ce que j’en sois là aujourd’hui.

 

  • Vous avez essentiellement évolué en Angleterre une fois diplômé, pourquoi ce choix ?

Vivre à l’étranger n’est pas vraiment un choix, j’ai surtout cherché le poste qui m’intéressait le plus. J’ai débuté chez Lotus Cars à la sortie de l’Ecole, où je travaillais dans le département Test & Développement. Tester des voitures de sport, sur circuit, et ce en sortie d’Ecole : si je pouvais voyager dans le temps et raconter ça à l’adolescent fan de voitures que j’étais…! Néanmoins, mon ambition était de travailler en Formule 1, et les équipes se trouvent soit en Angleterre, soit en Italie, soit en Suisse. J’ai d’ailleurs dû déménager à Zürich lorsque Sauber m’a proposé le job de mes rêves en 2015.

 

  • Vous occupez actuellement le poste de Strategy Engineer, en quoi cela consiste-t-il ?

C’est un poste que j’occupe depuis 5 ans maintenant. Pour faire court, cela consiste à savoir qui fait quoi, quand et pourquoi sur les Grands Prix de Formule 1.

Il y a différents aspects. D’abord, ce que tout le monde voit à la télé, c’est-à-dire décider sur le muret des stands quand auront lieu les arrêts au stand pendant la course, et savoir quels pneus monter à chaque arrêt. Mais au fond, ce n’est que la partie immergée de l’iceberg. Derrière, il y a tout un travail de l’ombre. Beaucoup de paramètres sont à déterminer en amont : comment les pneus vont se comporter, quel est le risque qu’un incident de course provoque une voiture de sécurité, combien de temps allons-nous perdre aux stands…. Grâce à nos outils de simulation, on va pouvoir avoir une idée précise de ce que l’on va faire le jour de la course, et ceci avant même d’avoir quitté l’usine.

Comme on ne roule pas seuls, il y a aussi toute une veille concurrentielle à gérer. On se doit de savoir quelle est la performance des autres voitures, et quelles sont les stratégies que nos concurrents vont probablement choisir. Il y a presque un petit côté « Bureau des Légendes » : on cherche à tout savoir sur tous nos concurrents – légalement, bien entendu ! On a ainsi accès à leurs données GPS, à leurs caméras embarquées, à leurs communications radio… Les données GPS sont d’ailleurs cruciales pour comprendre dans le détail là où on peut gagner du temps face à eux sur le circuit.

Il y a un dernier aspect beaucoup plus personnel où l’on essaye de comprendre la chaîne de commandes dans chaque équipe, et le pourquoi du comment de chaque décision prise. On parvient par moments à déceler des faiblesses dans la manière d’opérer de chaque équipe, et on essaie ainsi de créer des situations qui peuvent les pousser à faire une erreur qui nous bénéficiera en piste.

Le sport automobile est un petit monde où le turn-over est important. Les personnes vont et viennent d’une équipe à l’autre, avec parfois des détails intéressants sur qui fait quoi, quand, et pourquoi.

Cet aspect psychologique est au final assez important, et je dois avouer que j’aime ça. Vous pouvez avoir les meilleurs outils au monde, mais si l’exécution le jour de la course laisse à désirer, tout le travail en amont ne sert à rien. Les livres d’histoires ne retiennent que le classement de la course.

 

  • Pour finir, un conseil pour nos étudiants ?

L’anglais est essentiel. Sans ça, vous vous mettez des barrières inutiles, et cela peut vous empêcher de postuler à des opportunités intéressantes. Notez bien que nous n’avons absolument pas à rougir de ce que l’on apprend à l’ESTACA (au contraire), et c’est une école reconnue dans le paddock de Formule 1.

Les stages sont également très importants. Ils vous aident à rendre votre parcours unique. L’objectif doit être de se distinguer parmi l’ensemble des diplômés qui sortent chaque année de toutes les écoles d’ingénieur et universités du monde, et qui souhaitent également s’orienter vers la Formule 1. L’important, c’est d’être proactif, et d’en vouloir. Même si au début les tâches sont ingrates, même si c’est du volontariat. Sur le long terme, ces efforts payent. Pour vous donner un exemple, le responsable du simulateur de Racing Point F1 a débuté il y a de cela 20 ans…en nettoyant gratuitement les pneus de l’équipe (Jordan F1, à l’époque) lorsqu’ils étaient en essais.

Enfin, je vous recommande de trouver ce qui vous passionne absolument : j’ai commencé à suivre la Formule 1 à l’âge de 6 ans et depuis, je n’ai pas manqué un Grand Prix. Et rapidement, j’ai voulu comprendre le déroulement d’une course, pourquoi une stratégie à deux arrêts est parfois meilleure qu’une stratégie à un arrêt par exemple. Durant mon temps libre, j’ai petit à petit conçu un logiciel qui me permettait de comprendre et d’établir des stratégies de courses. Je ne savais même pas que c’était quelque chose que je pourrais faire à temps plein ! Et en le présentant lors de mon entretien chez Sauber, j’avais là mon ticket d’entrée en Formule 1.




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